Le Tourisme-Normandie en France est très riche et très important vu sa diversité. et parmi les itinéraires touristiques à visiter surtout de la part des vacanciers randonneurs et et amateurs de la nature et de l’histoire,vous avez le Chemin St-Michel.
CHEMIN DE SAINT MICHEL, SUR LES TRACES DES MIQUELOTS
A la sortie de Caen, point de départ pour certains et de transit pour beaucoup d’autres pèlerins, le chemin montais le plus fréquenté était certainement celui passant par Bretteville-sur-Odon, Villers-Bocage, Coulvain, Saint-Martin-des-Besaces, Pontfarcy, Villedieu-les-Poêles. Cependant, il n’était plus possible de proposer cet itinéraire aux marcheurs des années 2000 du fait de l’emprise routière contemporaine (N 175 puis A 84) et de l’importance du remembrement. Il a donc fallu se mettre en quête d’un second itinéraire tout aussi pertinent d’un point de vue historique, conciliant en outre la sécurité et le confort des utilisateurs.
Le croisement de données historiques éparses a permis de retenir l’ancienne voie romaine qui reliait Vieux, capitale des Viducasses, située quelques kilomètres au sud de Caen, à Avranches, cité des Abrincates. Un des rares textes du Haut-Moyen Age (Translation des reliques de saint Sever) nous apprend que cet axe a en outre été emprunté à la fin du X° siècle par des clercs rouennais allant en pélerinage au Mont-Saint-Michel et passant par Saint-Sever, Préaux-Bocage et Evrecy à l’aller ou au retour de leur expédition. Le texte précise d’ailleurs qu’il ont emprunté le chemin publique (per viam publicam) pour leur voyage. Enfin, cette voie correspond pour sa plus grande part au « Grand chemin de Bretagne », qui a notamment servi de route de poste jusqu’à la construction de la route royale par Villers-Bocage à la fin dé l’Ancien Régime. Le courrier, les marchandises, les voyageurs et les pèlerins ont suivi cette route tout au long de l’Antiquité, du Moyen Age et de l’époque moderne. D’Etouvy à Saint-Sever-Calvados, ce « chemin historique » peut être déterminé avec précision grâce au « cadastre napoléonien », car il apparaît sous le nom de « chemin montais » dans ces documents. Au delà de Saint-Sever, notre « chemin de saint Michel » délaisse la dernière partie du chemin antique en direction d’Avranches pour se diriger vers Villedieu-les-Poéles, par un itinéraire de raccord. A Villedieu, le chemin retrouve en effet la voie traditionnelle des caennais vers le .Mont par Noirpalu, Le Grippon et Bacilly, pour se terminer juste en face du Mont-Saint-Michel à Saint-Léonard de Vains, siège d’un prieuré de l’abbatiale caennaise de Saint-Etienne. Cependant pour des raisons de sécurité, le marcheur passera par la Haye-Pesnel pour abourtir. à Genêts, avant d’entreprendre la fameuse et périlleuse traversée de la haie jusqu’au sanctuaire d ultime du pèlerinage.
Caen/Evrecy
Après la rue Caponière, citée dans une charte de 1083 comme étant « la rue par laquelle on va au Mont-Saint-Michel », le pèlerin traverse Bretteville-sur-Odon, centre d’une « Baronnie » ou vaste ensemble foncier appartenant à l’abbaye montoise. Il subsiste notamment l’ancien manoir médiéval et la grange récemment restaurée. Malgré les destructions dues aux combats de l’été 1944, ces communes ont pu sauver des monuments historiques de qualité : églises de Baron-sur-Odon (XIIIe s.), d’Esquay-Notre-Dame (XIIe s.) ou d’Evrecy (XIIIe-XIVe s.).
Ces deux dernières appartenaient elles aussi à l’abbaye du Mont. L’église Notre-Dame d’Evrecy conserve encore en remploi dans ses murs de précieuses sculptures préromanes provenant de l’ancienne abbaye, détruite au IXe s. par les Viking.
Hamars / Saint-Jean-le-Banc
Suivant toujours l’axe de la voie antique vers Avranches, l’itinéraire suit partiellement Ic chemin de crête traversant la foret de-Valcongrain et contourne ensuite le Mont-finçon. Il passe à proximité de la chapelle Saint-Célerin de Roucamps, objet d’une importante dévotion locale qui s’est maintenue jusqu’à nos jours, et du site d’une chapelle privée dédiée à saint Michel, érigée en 1577 dans l’enceinte du manoir de La Suhardière, aujourd’hui disparue. Cette fondation, placée sous la protection de l’Archange peseur des âmes au jour du Jugement dernier, avait été érigée pour le repos (le l’âme de plusieurs dignitaires de l’Église. et en particulier de deux abbés du Mont-Saint-Michel et évêques de Lisieux : le cardinal Le Veneur (1523-1543) et son successeur, le cardinal d’Annebault (1543-1558).
Saint-Jean-le-Blanc/Le Bény-Bocage
Le chemin de saint Michel emprunte le chemin de crête (GRP) qui domine la plaine de Vire et s’écarte donc légèrement de l’axe de la voie antique qui suit quant à elle un axe nord-est /sud-ouest. L’ancienne voie ne passait pas par Le Bény-Bocage mais par Le Désert (prieuré bénédictin) et par Beaulieu. La qualité des paysages et les structures d’accueil existant de nos jours au Bény-Bocage expliquent ce léger crochet.
Everecy/Hamars
Cette étape reprend le fuseau de l’ancien « Grand chemin de Bretagne », héritier de la voie antique de Vieux à Avranches, suivie par les pèlerins montois et empruntée montois et de poste jusqu’à la fin du XVIIIes A Préaux-Bocage, l’église (fin du XIIIe S) rappelle toujours par sa dévotion à saint Sever, le passage des reliques du saint à la fin du Xes. A La Caine il reste une partie de la porterie de l’ancien prieuré qui jouxtait l’église et pouvait accueillir les pèlerins. D’ailleurs, saint Michel est toujours le patron secondaire de l’église qui conserve sa statue à la place d’honneur. Le bourg d’Hamars a dû son importance et sa prospérité passées au trafic des voyageurs et des marchandises (relais de poste et services divers), comme le rappelle encore la qualité architecturale des maisons.
Le Bény-Bocage/Saint-Sever-Calvados
A La Graverie, l’itinéraire retrouve le chemin antique utilisé par les pèlerins du Mont. A La Belle-Croix (commune de La Graverie), le fût d’une croix à chanfrein présente encore un bourdon de pèlerin. Le voyageur franchissait la Vire au Pont d’Etouvy (reconstruit au XVIII s.). La situation d’Etouvy dans un carrefour fréquenté explique certainement le succès de sa foire durant tout le Moyen Age et l’époque moderne. En sortant d’Etouvy, trois chemins montais s’offraient au marcheur. Le cadastre « napoléonien » permet de suivre le plus important jusqu’à Saint-Sever. Il correspond à la voie romaine déjà citée et son tracé a servi de limite aux commune actuelles. Cependant, pour des raisons de sécurité, le marcheur utilisera un tracé situé environ 1 km plus au sud.
Saint-Sever-Calvados/ Villedieu-les-Poêles
Le bourg de Saint-Sever s’est développé autour de l’abbaye bénédictine fondée sur la tombe du saint évêque d’Avranches. La situation de ce sanctuaire sur un chemin montais a sans doute contribué à sa fréquentation, mais à la fin du Xe siècle, cela a provoqué le vol des reliques par les rouennais nous renseignant ainsi sur l’itinéraire déjà évoqué. Saint-Sever-Calvados offre encore aujourd’hui un ensemble de bâtiments conventuels et surtout une église abbatiale gothique de très grande qualité avec des vitraux du XIIIe s. relatant la vie du saint.
Au lieu d’aller sur Avranches, prolongement de notre voie romaine, le marcheur se dirigera sur Villedieu par l’ancien grand chemin allant de Falaise à Granville. Dans la forêt de Saint-Sever, cette bifurcation sera matérialisée par la Croix Mérienne (1686), dont le socle sert de panneau indicateur avant la lettre.