L’ancienne église Saint-Laurent reconstruite sur les vestiges d’une nécropole gallo-romaine a été désacralisée en 1983 pour devenir un site archéologique puis, en 1986, le musée archéologique Grenoble Saint-Laurent, qui est un musée départemental situé à Grenoble, en France, au pied de la colline de la Bastille, dans le quartier Saint-Laurent de la rive droite de l’Isère. Le site étudié depuis le début du XIXe siècle, a fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques le 10 août 1977, et se caractérise par un important empilement d’édifices et de structures, dont le joyau est une crypte datant du VIe siècle. Le musée bénéficie du label Musée de France.
Historiquement, c’est au IVe siècle que la voie romaine partant de Cularo en direction de la Sapaudie (Savoie) longeait ce site funéraire païen, puis va passer entre les premiers mausolées chrétiens et la colline, lorsque Cularo devient Gratianopolis vers 380. La première mention écrite de l’église carolingienne Saint-Laurent du ixe siècle remonte au mois de février 1012, à l’occasion d’une charte de donation de cet édifice par l’évêque Humbert d’Albon de Gratianopolis aux moines bénédictins de Saint-Chaffre en Velay. Reconstruite par les moines au XIIe siècle, l’église Saint-Laurent de style roman, visible actuellement, a été édifiée sur l’église carolingienne, elle-même construite sur une précédente église funéraire cruciforme du vie siècle et sa crypte, qui venaient remplacer les premiers mausolées de personnages importants de la ville comme les évêques. C’est également durant ce siècle que le culte d’Oyand de Condat est introduit après sa mort en 510, car il est lié avec l’abbé Léonien de l’église Saint-Pierre à Vienne, et l’évêque Avit de Vienne Un siècle et demi plus tard, suite aux guerres de religion dans la région, l’environnement immédiat du prieuré est de nouveau modifié par le Lieutenant-général du Dauphiné, Lesdiguières, qui achève en 1615 de nouveaux remparts partant du sommet de la colline de la Bastille et aboutissant à une nouvelle porte Saint-Laurent légèrement repoussée du prieuré voisin.
Des premiers mausolées du IVe siècle à l’église du XIXe siècle, présente un ensemble architectural témoin d’une adaptation constante à l’évolution des mentalités, des pratiques païennes aux croyances chrétiennes. Entre 1824 et 1847, de nouveaux remparts plus proches de l’église que les précédents sont construits par le général Haxo et restent visibles de nos jours comme décor environnant. Ces aménagements militaires apportent derrière le clocher de très épais remblais qui modifient totalement la perception visuelle du site primitif, car l’église romane et les édifices funéraires n’étaient pas adossés directement à la colline, mais en étaient largement dégagés. Le peintre Théodore Ravanat a peint le site de l’église dans les années 1840 avant les aménagements militaires. Cependant, dans cette première partie du xixe siècle, trois hommes vont relancer l’intérêt architectural et patrimonial de l’église Saint-Laurent.
Les travaux de restauration de l’église ont révélé une magnifique peinture murale représentant saint Pierre. Visible au cours de la visite, elle se situe sur l’intrados de l’arc du porche du clocher. Les maçonneries du XVe siècle qui recouvraient la peinture ont été dégagées avec le plus grand soin, pour que Catherine Laye, restauratrice de peintures murales, puisse consolider l’enduit qui était devenu extrêmement fragile. Daté fin XIIe-début XIIIe siècle, ce décor d’une fraîcheur remarquable représente la main de Dieu bénissant et le personnage de saint Pierre tenant son attribut : les clefs.
Il complète l’autre partie de l’arc, orné de l’inscription ST MICHAEL surmontant la représentation des ailes et de l’auréole de l’archange.
La scénographie mise en place emmène les visiteurs à la découverte du site dans ses dimensions historiques, spirituelles mais aussi émotionnelles…
Le musée présente donc au public le plus large, les évolutions de Saint-Laurent au fil des siècles. Il permet aussi de mieux comprendre l’histoire de Grenoble et de ses habitants, ainsi que celle des croyances funéraires et religieuses et des modes de traitement de la mort. Toutes les collections du musée ont été mises au jour sur le site. Plus de 3000 objets ont été retrouvés dans les couches archéologiques (sols, remblais) et dans les tombes dont la relation avec les différentes phases architecturales a été établie. Ces objets replacés dans leur contexte sont des témoins précieux pour l’archéologue.
Éléments de datation, ils renseignent également sur la mentalité des vivants : le type des objets déposés évolue considérablement durant ces quinze siècles d’histoire. Les monnaies prédominent du IVe au IXe siècle mais à partir du XVe siècle on dépose volontiers dans la tombe un objet religieux, crucifix, chapelet, médailles …