Dans la petite ville d’El Jem s’élèvent les ruines impressionnantes du plus grand colisée d’Afrique du Nord, immense amphithéâtre où pouvaient prendre place plus de 35 000 spectateurs. Cette construction du IIIe siècle Après JC illustre l’extension et la grandeur de l’Empire romain.
El Jem est située au cœur de la région du Sahel. Son amphithéâtre impressionnant est le joyau de la riche cité antique de Thysdrus, et le plus grand de l’Empire romain, après ceux de Rome et de Capoue
La cité de Thysdrus bénéficie d’une active politique de mise en valeur des terres et de développement économique : les empereurs Vespasien et Titus y amènent l’eau par l’entremise du proconsul d’Afrique. Ainsi, dès le IIe siècle, elle apparaît selon l’expression de Gilbert-Charles Picard comme la « capitale de l’huile » de Byzacène.
L’amphithéâtre d’El Jem est un témoignage exceptionnel de l’architecture romaine, notamment celle des monuments construits à des fins de spectacle, en Afrique. Situé dans une plaine au centre de la Tunisie, cet amphithéâtre, construit entièrement en pierre de taille, n’est ni creusé ni adossé à une colline. Il reprend en cela le modèle du Colisée de Rome sans toutefois être une simple copie conforme de l’édifice flavien. Ses dimensions (grand axe de 148 mètres et petit axe de 122 mètres) et sa contenance (évaluée à 35 000 spectateurs) le classent incontestablement parmi les plus grands amphithéâtres du monde. Sa façade comporte trois étages d’arcades de style corinthien ou composite. À l’intérieur, le monument a conservé la majeure partie de l’infrastructure de support des gradins. Le mur du podium, l’arène et les souterrains sont pratiquement intacts. Cette œuvre architecturale et artistique érigée vers 238 apr. J.-C. constitue un jalon important pour la compréhension de l’histoire de l’Afrique romaine. L’amphithéâtre d’El Jem témoigne également de la prospérité de la petite cité de Thysdrus (l’actuelle El Jem) à l’époque de l’empire romain.
Critère (iv) : L’amphithéâtre d’El Jem est l’un des rares monuments du genre et l’unique en Afrique à être bâti, non pas à flanc de coteau, mais en terrain plat et appuyé sur un système complexe de voûtes. Le monument d’El Jem est un des exemples les plus accomplis du type architectural romain de l’amphithéâtre, presqu’au même titre que le Colisée de Rome.
Critère (vi) : L’édification dans une lointaine province d’un bâtiment soigné et si complexe, destiné aux spectacles populaires, est symptomatique d’une certaine propagande romaine impériale.
Intégrité (2009)
Le monument a conservé, sans altérations, la plupart de ses composantes architecturales et architectoniques.
Authenticité (2009)
Les travaux de restauration menés à travers le temps n’ont pas affecté l’essentiel de l’authenticité fonctionnelle et structurelle du bien. L’authenticité du cadre est toutefois menacée par l’apparition de nouvelles constructions aux abords de l’amphithéâtre.
Mesures de protection et de gestion (2009)
L’amphithéâtre d’El Jem est protégé par la Loi 35-1994 relative à la protection du patrimoine archéologique, historique et arts traditionnels et par un décret qui limite la hauteur des constructions à 5 mètres, sur un rayon de 300 mètres à partir du centre de l’amphithéâtre. Le Code du patrimoine accorde un droit de regard sur toute intervention autour du monument (zone sous contrôle), alors que le plan d’aménagement de la ville d’El Jem définit des zones de servitude autour du monument, des zones archéologiques, des zones sous contrôle et des cônes de vision afin de préserver les perspectives urbaines.
La gestion de ce bien est assurée par une unité de projet mixte de conservation, de restauration et de mise en valeur de l’amphithéâtre d’El Jem ; celle-ci est constituée de l’Institut National du Patrimoine, en tant que responsable scientifique et technique, et de l’Agence de Mise en Valeur du Patrimoine et de Promotion Culturelle, responsable de l’exploitation commerciale du patrimoine culturel et de sa mise en valeur. La création d’une zone tampon, pour protéger le bien du développement urbain continu pouvant avoir un impact sur son cadre, et la mise en place d’une réglementation appropriée pour préserver l’authenticité de son environnement, sont à l’étude.
El Jem : L’empreinte romaine
El Jem vous convaincra définitivement du riche passé romain de la Tunisie. Un monument majeur, des villas de notables qui y ont laissé la tradition de la mosaïque, cette petite ville du Sahel, à 60 km de Sousse, dispose d’un héritage inestimable.
Apparition magique
Sa situation géographique a forgé la prospérité d’El Jem et, avant de l’atteindre, on découvre l’origine de sa richesse : l’olivier. Des kilomètres de champs de cet arbre fécond et millénaire conduisent à une ville dont surgit, brusquement, un majestueux amphithéâtre.
En position de relais idéal entre le littoral et l’intérieur du pays, et donc de carrefour commercial dynamique, El Jem fut, au début du premier millénaire, une province opulente, rendez-vous des marchands romains et africains. Comme dans toute cité animée, elle fut dotée d’un amphithéâtre imposant, sans doute au début du IIIe siècle. Il a même la particularité d’avoir été précédé de deux autres édifices du même type, visibles également, mais de taille modeste, qui furent probablement les ébauches de l’aboutissement final.
Sur le modèle de Rome
Inspiré du Colisée de Rome, ses dimensions sont légèrement inférieures mais en font le 3e de l’empire pour ce type d’édifice, bien avant les arènes de Nîmes et Arles. De forme ovale, il pouvait contenir plus de 30 000 personnes. Remarquablement conservé, sa visite est saisissante, que ce soit en parcourant les arcades qui surmontent l’amphithéâtre ou en plongeant dans les souterrains enfouis sous l’arène, ouvrant l’imagination vers les combats et courses de char qui s’y déroulèrent.
Après avoir été un lieu de spectacles, le Colisée servit à plusieurs reprises de forteresse, refuge des résistants aux envahisseurs. La princesse berbère Kahena aurait vécu quatre ans dans l’enceinte avec ses tribus luttant contre l’invasion arabe.
Vestiges sublimes
La visite se poursuit, avec le billet d’accès commun, dans une autre partie de la ville. Les fouilles ont permis de découvrir une trentaine de villas de citoyens aisés. La plus belle, la villa « Africa », propriété d’un aristocrate, qui a été reconstituée dans le faste de ses 3 000 m², est sans doute la maison la plus somptueuse de l’Afrique romaine découverte jusqu’ici.
Ville de patrimoine et de culture
Cet héritage romain est aujourd’hui perpétué dans un artisanat local très actif. Autour du colisée, vous trouverez des échoppes d’artisans produisant frises, tableaux et éléments de mobilier dans la plus pure tradition des mosaïques antiques.
Ce cadre d’exception a élu pour thème de festival un art parfaitement adapté au décor. Depuis 1985, l’amphithéâtre accueille chaque été des spectacles de musique symphonique, sublimée par une acoustique parfaite et enchantée par un ciel étoilé.