Si l’on veut vraiment trouver en Afrique un amphithéâtre qui réponde à la beauté du théâtre de Dougga en Tunisie, on doit vraiment traverser tout le pays dans presque toute sa longueur et descendre jusqu’à El Jem. En effet L’amphithéâtre d’El Jem est aussi appelé du temps de César Colisée de Thysdrus, de l’antique province romaine d’Afrique, c’est un amphithéâtre romain situé dans l’actuelle ville tunisienne d’El Jem au gouvernorat de Mahdia en Tunisie.
Ce monument était construit vers le premier tiers du IIIe siècle. Même si sa datation a fait l’objet de débats, il prend la succession de deux édifices du même genre. Des études ont en effet permis l’analyse de la genèse de ces constructions monumentales destinées aux loisirs. Cet amphithéâtre a probablement abrité des courses de chars, des combats de gladiateurs ainsi que d’autres jeux du cirque, mais surtout des reconstitutions de chasses aux fauves particulièrement prisées et des exhibitions de bêtes sauvages.
Avec quelques autres, l’édifice marque, selon Jean-Claude Golvin, l’apogée de ce genre de monument, au « terme d’une évolution architecturale étalée sur près de quatre siècles ». Cependant, selon Hédi Slim, la situation de Thysdrus, avec ses 3 amphithéâtres étudiés scientifiquement, « paraît unique au monde ».
Ce grand monument romain est sans doute le plus célèbre de la Tunisie, il est considéré comme l’amphithéâtre le mieux conservé d’Afrique du Nord. Et par la suite il a pu faire l’objet d’un classement au patrimoine mondial de l’Unesco en 1979. Et chaque année, le monument accueille environ cinq cent trente milles visiteurs.
Le site d’El Jem abrite l’édifice de spectacles qui est le troisième amphithéâtre construit dans la ville de Thysdrus, une cité enrichie par le commerce et l’oléiculture; il en est à la fois le mieux conservé et le plus abouti. Cette cité est sans aucun doute la seule à posséder un tel nombre de vestiges de ce type, et permettent aux spécialistes d’en appréhender l’évolution.
Le second amphithéâtre, a été dégagé dans les années 1960, dont la présence avait déjà été devinée par Charles Tissot, tandis que le troisième a été mis en évidence à partir de 1973 grâce à des fouilles menées par Hédi Slim. Le premier édifice d’une capacité d’accueil de six milles spectateurs a été qualifié de rudimentaire, de très ancien ou d’embryonnaire.
Son arène mesurait quarante neuf mètres sur quarante alors que ses gradins, ont été réparés au moyen de briques crues et semblent s’être érodés assez rapidement. La présence du monument semble être rapprochée de l’implantation dans la ville d’une communauté italienne peut-être d’origine étrusque ou campanienne férue de spectacles, ces 2 régions étant le berceau des jeux en amphithéâtre. Le second édifice est en effet de forme répandue à structure pleine, et a été bâtie à la fin du Ier siècle ou au IIe siècle, sur la même colline que le précédent avec cependant une forme plus elliptique du fait d’un remblai placé sur les gradins de l’édifice antérieur et l’arène. Le remblai de l’arène, haut d’environ 2,50 mètres, a permis d’obtenir une forme régulière.
Le site d’El Jem contient des gradins qui ont été placés dans des compartiments maçonnés, séparés par des espaces et de tailles diverses, pour accueillir au totale plus de sept milles spectateurs. Il semble y avoir eu vingt quatre compartiments en tout dont seize subsistent encore dans des états de conservation divers. L’arène mesurait soixante mètres sur quarante, pour une taille totale de quatre vingt douze mètres sur soixante douze. Une chapelle ainsi qu’une loge située sur l’axe ouest ont été évoqué par Golvin. En effet, l’esthétique est presque absente de la construction mais les améliorations techniques y sont importantes, et la rende plus fonctionnelle.
Au début du IIIe siècle à l’époque de la dynastie sévérienne, la cité était en forte croissance, du fait d’un commerce florissant du blé et de l’huile d’olive par une situation favorisé au carrefour des routes commerciales. Le second amphithéâtre a été remplacé par l’édifice actuel qui est plus important, étant devenu insuffisant, ils l’ont construit sur un terrain plat, méthode également utilisée à Rome, Carthage, ou aussi Nîmes. Sa construction serait liée à une manifestation d’évergétisme de l’élite de la cité antique.
Le site d’El Jem impressionne non seulement par la beauté de la patine de ses murs mais aussi par son aspect massif, En raison de sa situation « au milieu des immensités steppiques plus ou moins nues » Hédi Slim.
Dans cette région de la Tunisie, en l’absence de calcaire, les supports et les murs du grand amphithéâtre ont été construits en grès dunaire, une matériau très facile à tailler qui provient des carrières côtières de Rejiche-Salakta qui se situe à une trentaine de kilomètres. Enfaite, ce monument est le seul du monde romain à avoir été bâti en pierre de taille, et la seule construction de la cité bâtie avec ce matériau prouve que c’est un signe du prestige lié à l’édifice. Avec le temps, le matériau, blanc au moment de son extraction, est devenu ocre. Toutefois, la pierre qui a été utilisée est peu résistante, est sensible à l’usure et à l’érosion. La fragilité de cette pierre selon Golven explique l’épaisseur du mur et par la suite explique le côté massif du bâtiment. Et les fouilles qui ont été réalisé sur les fondations ont démontré que le site avait été utilisé pour tailler sur place une très grande partie des éléments comme ceux du décor. Les traces de restauration antique en dépit d’éléments de décor inachevés, démontrent que le monument a été utilisé. La brique a été utilisée largement dans d’autres constructions du même type, alors que les voûtes ont été bâties pour leur part en moellons.
La façade du site d’El Jem comportait soixante quatre arcades réparti sur trois étages avec, au rez-de-chaussée et au troisième niveau une utilisation de l’ordre corinthien, mais le deuxième étage est de l’ordre composite. Ce qui le différencie du Colisée à travers les ordres qui se succèdent différemment contribue à démontrer la personnalité africaine du monument. Et c’est en effet son mode de construction qui en fait de lui un monument spécifiquement africain.
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Par Cap Voyage