Dédiée au premier président de la République tunisienne, Habib Bourguiba, la mosquée Bourguiba est située au centre de la ville de Monastir bâtie en 1963 sur les plans de l’architecte Taïeb Bouzguenda. Sa conception est inspirée de l’architecture traditionnelle de la mosquée Hammouda-Pacha de Tunis. Son emplacement est dans la rue de l’Indépendance.
Marquée de style architectural traditionnel arabo-musulman, elle est parée d’une décoration très luxueuse, La salle de prière a une capacité d’accueil de mille fidèles. Le Mihrab (Une niche qu’on trouve dans toutes les mosquées, qui indique la Qibla, c’est-à-dire la direction de la La Mecque vers où se tournent les musulmans pendant la prière), situé sous la demi-coupole, est recouvert d’une demi-voûte ornée d’une mosaïque d’or. Le marbre rose est le matériau principal constituant les colonnes, les abaques qui les surmontent, ainsi que les arcs. Les colonnettes sont en onyx et une vingtaine de portes sont en tek sculptées.
Ayant l’obsession de sa place dans l’histoire, Bourguiba s’emploie rapidement à la traduire de toutes les façons possibles. À Monastir, dont il veut faire une « ville-souvenir », il se fait édifier dès les années 1960, un mausolée de marbre blanc où ses parents puis sa première épouse Moufida sont inhumés. Sur la grande porte de bronze sont gravées trois titres résumant sa vie : « Le Combattant suprême, le bâtisseur de la Tunisie nouvelle, le libérateur de la femme ». Bourguiba fait également confectionner son cercueil dès 1976 et prépare le déroulement de ses funérailles : « Dès sa mort, Bourguiba Jr. devait informer une série de chefs d’État, dont il dresserait la liste, afin que le maximum d’entre eux puisse venir. Pour cela, il convenait de différer de deux jours, après l’annonce de son décès, le déroulement des obsèques. Et surtout, parce qu’il fallait associer au deuil la Tunisie entière, son corps devait être amené lentement, solennellement, de Carthage à Monastir. Ne laissant rien au hasard, il avait divisé le parcours de 140 kilomètres entre les deux villes, de façon à ce que chacun des vingt gouvernorats soit chargé de faire transporter son cercueil sur une distance égale ». Ce scénario ne sera finalement pas suivi. Outre sa figure de « Combattant suprême » (mujâhid al-akbar), il se revendique également comme « mujtahid suprême », étant par sa fonction de chef d’État l’imam de la communauté. Dans un discours délivré en juin 1973 à Genève, à la conférence de l’OIT, il esquisse une définition de son rôle historique en tant que fondateur de la Tunisie moderne :
« D’une poussière d’individus, d’un magma de tribus, de sous-tribus, tous courbés sous le joug de la résignation et du fatalisme, j’ai fait un peuple de citoyens. Mais j’ai peur de ce que j’ai appelé un jour le « démon des Numides », ce démon qui pousse à la désunion, aux luttes intestines, qui nous a fait rater notre histoire après la révolte de Jugurtha.»
Allant dans le même sens, il déclare le 12 avril 1975 après sa désignation comme président à vie :
« Le fait de me désigner à vie à la tête de l’État ne peut être qu’un hommage de reconnaissance rendu aux yeux du monde entier à un homme dont le nom s’identifie à la Tunisie […] Oui, j’ai nettoyé le pays de toutes les tares qui l’enlaidissaient, j’en ai extirpé les mauvaises coutumes, je l’ai libéré du joug qui l’asservissait […] Mon passage à la tête de ce pays le marquera d’une empreinte indélébile pendant des siècles.»
Après l’avènement de la république, les symboles du « Combattant suprême » se multiplient à travers le pays. Ferryville, située non loin de Bizerte, est rebaptisée Menzel Bourguiba. Des statues de lui sont par ailleurs érigées dans presque toutes les villes. Monastir étant le lieu de sa naissance, il s’y fait représenter en collégien devant la mairie alors qu’à Tunis (place d’Afrique), c’est à cheval qu’il se fait représenter. Dans la salle du Conseil des ministres, au palais de Carthage, il installe les effigies de figures de l’histoire de la Tunisie parmi lesquelles Hannibal Barca et Ibn Khaldoun. Son propre buste devait figurer dans cette série. Après sa destitution, les statues sont progressivement déboulonnées. Dans la nuit du 11 au 12 juin 1988, deux statues sont déboulonnées à Kairouan et l’avenue Bourguiba rebaptisée avenue du 7-Novembre. La statue équestre de Tunis sera déboulonnée le 11 octobre puis déplacée devant le port de La Goulette.
La quasi-totalité des villes de Tunisie possèdent une rue ou avenue portant le nom de Bourguiba dès l’indépendance du pays. La plus célèbre d’entre elles est l’avenue Habib-Bourguiba située à Tunis. En 1965, il obtient même, lors d’un voyage dans dix pays d’Afrique, qu’une avenue porte son nom dans chacune des capitales traversées.
La mosquée de Bourguiba est située à une ville marquée par une grande histoire, à l’extrémité sud du golfe de Hammamet, Monastir est une terre de rêve où la douceur du climat, la pureté du ciel et l’éclat de la mer se conjuguent à l’accueil chaleureux et spontané des habitants pour garantir des vacances à la fois détendues et riches d’expériences et d’émotions. On sera frappé par la force de l’héritage historique et la permanence tranquille des traditions dans cette ville d’aspect ouvert et moderne, qui vit sous la protection bienveillante de sa forteresse, le Ribat – un des plus impressionnants monuments de Tunisie. On découvrira avec plaisir les campagnes environnantes, un monde joyeux et coloré. Et on se réjouira du confort et de l’animation des hôtels, idéalement conçus pour des vacances en toute tranquillité.
Monastir fait partie, avec Kairouan et Sousse, des premières villes arabes fondées en Ifriqiya. Elle est bâtie sur les ruines de l’ancienne ville punico-romaine de Ruspina dont l’existence s’étend sur près de dix siècles, du IVe siècle av. J.-C. au VIe siècle ap. J.-C. Lors du conflit hispano-ottoman, qui dure tout au long du XVIe siècle, Monastir est la cible d’attaques des deux belligérants. La population réussit à éviter une annexion par les Espagnols en 1534 et la ville s’organise sous la forme d’une république populaire. Même si elle tombe pendant quatre ans sous leur coupe en 1550, elle est définitivement libérée par les Ottomans en 1554 pour être rattachée à la Régence de Tunis dès 1574.
Elle redevient alors le chef-lieu du caïdat de Monastir qui existait déjà sous les Hafsides, et ce dès le début de la présence turque en Tunisie. Laissée pour compte sous le protectorat français de Tunisie, Monastir retrouve son statut, en devenant le chef-lieu du gouvernorat du même nom, car elle est la ville natale du nouveau président Habib Bourguiba qui s’y fait par la suite construire de son vivant un mausolée dans lequel il est désormais inhumé, ainsi qu’un palais présidentiel à proximité de la ville. La mosquée Bourguiba, datant de 1963, fut aussi érigée en son honneur et l’aéroport international de Monastir porte également son nom.
Monastir est aujourd’hui une importante ville universitaire dont les étudiants représentent un cinquième de la population. Avec Sousse et Sfax, la ville est devenue grâce à son port un point de transbordement pour le marché de l’huile d’olive. Elle est également, depuis les années 1960, l’un des centres les plus importants du secteur touristique tunisien, en particulier pour sa station balnéaire de Skanès.
Pas loin de la mosquée de Bourguiba, se trouve le ribat de Monastir et à ses côtés se dresse la Grande Mosquée. Elle fut bâtie au IXème siècle puis agrandie au XIème par les Zirides. Intérieur comme extérieur, le maître mot est la sobriété.
La mosquée Bourguiba Monastir, Tunisie par Cap Voyage