Deauville Normandie est une belle région qui offre un atout formidable pour mieux crédibiliser le slogan de l’Office de Tourisme : « A chaque saison ses plaisirs ». Oui, Deauville vit toujours plus toute l’année. Pour révolutionner le calendrier, il a fallu la double volonté de France Galop et des collectivités locales afin de finance une piste de sable fibré de 3,3 millions d’euros. « Cet outil exceptionnel », pour reprendre la formule Louis Romanet, directeur général de France Galop, est unique au monde. En effet, si des pistes utilisant partiellement cette technologie existent déjà (à Cagnes et à Pau), c’est la première fois qu’un procédé anglais ajoutant de l’huile et des fibres élastiques est utilisé, pour un meilleur confort des pattes du pur-sang.
LA PORTE AMÉRICAINE DE L’EUROPE
« Deauville, c’est le meilleur festival du monde ! ». ce n’est pas le slogan d’un publicitaire,mais l’aveu enthousiaste d’un professionnel mondialement reconnu, william friedkin, le metteur en scène de l’exorciste. une phrase qui suffit montrer le chemin parcouru en 29 ans. A une manifestation inventée, en 1975, « pour prolonger la saison » a succédé un rendez-vous majeur que les plus célèbres actrices, acteurs, metteurs en scène et producteurs ont, par leur présence assidue, consacré au fil des ans.
Personnage clé du cinéma mondial, puisqu’il fut PDG de Canal+, Pierre Lescure, président du jury en 2002, résume bien cette métamorphose : « Au début, Deauville exerçait à Hollywood une attirance géographique pour découvrir la France. C’est devenu une référence artistique. Aujourd’hui, Deauville est la vraie porte de l’Europe, regardez comme maintenant les Américains débarquent naturellement. Les autres festivals celui de Deauville est la vitrine d’un continent qui irradie dans le monde entier ». Une consécration qui autorise Dominique Desseigne, PDG du Groupe Lucien Barrière, à oser un proverbe témoin de cette pérennisation : « Noël en décembre, Deauville en septembre… ». Comme en écho à ces propos louangeurs, l’édition 2002 s’est offert un prestigieux générique, mis en scène sous les lumières des derniers feux de l’été.
Tous les cinémas américains sont chez eux à Deauville, Les rois du box-office (Harrison Ford, Sylvester Stallone) cohabitent sur le tapis rouge local avec la génération montante (Matt Damon, Matt Dillon) et les révélations comme Monica Potter et la sublime Rachel Roberts dont l’homonymie et les formes favorisent d’emblée la comparaison avec Julia Roberts. En marge des avant-premières, la compétition offre aux films d’auteur un tremplin pour la gloire. Christopher Nolan, distingué par le Prix du jury pour Memento en 2000, est un bon exemple du rôle de révélateur de talents du Festival normand. « C’est merveilleux Deauville ; je suis un enfant de Deauville, car c’est ma récompense ici qui a fait le succès de mon film dans le monde entier et m’a permis de réaliser Insomnia ». Avec Al Pacino et Robin Williams devant sa caméra, Christopher Nolan a changé de catégorie. Les cinéphiles, toujours plus nombreux lors des projections puisque les 1 500 places du C.I.D affichent même complet en plein milieu d’après-midi, profitent de ce Festival pour essayer de débusquer les personnalités qui se cachent sous le masque des acteurs. Cette année, l’Oscar de la gentillesse est revenu à Matt Damon. Entre une partie de golf et un pèlerinage au cimetière américain d’Omaha, il a pris le temps d’enregistrer le message téléphonique du portable d’une admiratrice.
Très disponible avec les chasseurs d’autographes, Sylvester Stallone a inauguré une suite à son nom à l’hôtel Royal -la n°316- où dormirent avant lui Tom Hanks et Harrisson Ford. Un joli tiercé pour le jour où le lit écrira ses mémoires. Lionel Chouchan, délégué général du Festival, pouvait donc affirmer que 2002 « était une édition exceptionnelle », avec notamment la projection de films signés Clint Eastwood, Matt Dillon, Steven Soderbergh, John Frankenheimer, Neil LaBute, Sam Mendès, Night Shyamalan, Andrew Nicol et John Wood. Comment faire mieux ? C’est le défi du 29e Festival, du 5 au 14 septembre 2003.
LES « CHABADABADAS » D’HARRISON FORD
Le cœur d’Harrison Ford fait « chabadabada » à Deauville. Pour présenter K19 : le piège des profondeurs, il a fait pour la sixième fois le déplacement sur la côte normande. Une véritable histoire d’amour ! Cette « guerre des étoiles » sur les Planches, il l’a aussi gagnée, puisque aucune star n’a fait mieux. Ni Cannes, ni Venise ne peuvent s’enorgueillir d’une telle fidélité du recordman mondial du box office. Cela valait bien un hommage: une flamme d’or, une standing ovation au C.I.D et une rétrospective de quelques films emblématiques qui, comme Indiana Jones, ne prennent pas de rides. Le coeur d’Harrison Ford fait aussi « chabadabada » pour Calista Flockhart, l’héroïne d’Ally Mac Beal. Pendant leur séjour, ils ont, main dans la main, joué un remake de Un homme et une femme. Apparemment, cette perle lui a donné le goût des bijoux, puisqu’ils ont mis la rue Eugène Colas en ébullition lorsqu’ils ont été repérés par des admirateurs chez le joaillier Arfan. Le temps d’acheter un collier en or flanc et saphir et les boucles d’oreilles assorties (que sa belle portait le soir même au dîner du 10e anniversaire du C.I.D) et Harrison Ford improvisait un remake du Fugitif, en empruntant une sortie dérobée pour échapper à ses fans. Depuis 29 ans, ce sont de tels impromptus qui font le sel d’un Festival pas comme les autres.
UN BOUQUET DE LOTUS
Depuis cinq à Deauville, Ce sont les lotus qui annoncent le printemps. Ils fleurissent en mars, à l’heure de la proclamation du palmarès du festival du film asiatique. Ces trophées sont en effet devenus des oscars locaux dont la renommée a installé la notoriété de Deauville dans tout un contient. Amitabh Bachchan l’a avoué en toute simplicité « je ne connaissais pas Deauville ».
LA MUSIQUE DONNE LE LA
La culture est désormais chez elle à Deauville. Une nouvelle salle de spectacles de 500 places et une médiathèque, près de la gare, devraient, dans un avenir proche, témoigner de cet acte de foi. Toute l’année se succèdent des manifestations musicales, théâtrales, cinématographiques, littéraires et artistiques qui bousculent l’image mondaine trop longtemps entretenue par les chroniqueurs pari-siens. Deauville change plus vite que ceux qui la racontent ! Sa palette At-tractive ne cesse de s’élargir.