Le Tourisme à Lillebonne, cette ancienne capitale gallo-romaine plaît aux premiers ducs de Normandie qui en font l’une de leurs résidences préférées. Elle conserve un patrimoine important de la France ;
UNE VILLE ANTIQUE APPRÉCIÉE DE GUILLAUME
Vers l’an mil, Lillebonne conserve encore de nombreux vestiges gallo-romains. Charmés par la situation et la beauté du lieu, les premiers ducs puis Guillaume le Conquérant y séjournent à plusieurs reprises. On peut encore voir l’amphithéâtre du 1er siècle qui est un des plus vastes édifices romains de Normandie et non loin, le château médiéval à l’emplacement du castrum gallo-romain. Du château de Guillaume, il ne reste rien de visible, mais on peut encore voir des vestiges datant d’époques différentes, notamment le donjon de Philippe ; Auguste.
LA PRÉPARATION DE L’EXPÉDITION
L’Histoire veut que le duc ait tenu là une grande assemblée de barons et de prélats afin de les persuader de participer à son expédition en Angleterre. Ce ne fut pas chose aisée car à l’époque le service d’ost féodal n’était que de 40 jours par an et avait pour cadre l’intérieur des frontières du duché. Pour les convaincre, Guillaume leur promet privilèges et terres à se partager à l’issue de la future conquête. Finalement, il réussit à rassembler une armée suffisamment puissante, entre 7 000 et 8 000 combattants (chevaliers, fantassins, archers et arbalétriers) avec une flotte d’environ 1000 bateaux de tout tonnage.
LE CONCILE DE LILLEBONNE
Plusieurs années plus tard, une autre importante assemblée réunie au même endroit par Guillaume a un tout autre but : le maintien de l’ordre public dans la province. Lors de ce concile qui a lieu le jour de la Pentecôte 1080, le duc signe avec les prélats de Normandie une quarantaine de règlements qui renforcent les pouvoirs judiciaires de l’église et confirment la « Trêve de Dieu » en Normandie. Si Guillaume le Conquérant organise ce concile à la demande du Pape Grégoire II, il marque son indépendance face à celui-ci et son autorité sur les évêques de sa province en choisissant de les réunir dans sa résidence. [Action Culturelle des Musées Départementaux tél. : 02.35.71.78.78]
GUILLAUME, ARTISAN DE LA PAIX EN NORMANDIE.
Afin d’établir la paix dans son duché, Guillaume le Conquérant s’appuie sur l’église et sur ses lois. La « Trêve de Dieu » qui oblige les seigneurs à ne pas combattre quatre jours par semaine, ainsi que l’inviolabilité des églises et des cimetières sont imposées et respectées dans le duché de Normandie bien avant le concile de Lillebonne.
Les contemporains de Guillaume le Conquérant ont vanté son rôle de pacificateur: « …Il savait réprimer l’injuste cupidité, nul n’osait empiéter sur-le-champ d’un voisin plus faible ou s’emparer de son bien, fût-il puissant ou familier du prince. Les domaines ruraux, les places fortes, les villes trouvaient en le lui garant de la stabilité de leurs biens..
JUMIEGES
Les ruines romantiques de la plus fameuse abbaye de la vallée de la Seine conservent le souvenir du Duc Guillaume le Conquérant. Couronné roi d’Angleterre, celui-ci vient inaugurer la grande abbatiale avec sa cour royale le 1er juillet 1067.
UNE ABBAYE RESTAURÉE
La première abbaye de Jumièges, fondée en 654 sur un ancien camp romain, connaît un rapide développement aux VIIIe et IXe siècles quand surviennent les invasions vikings. L’abbaye est ruinée, désertée et il faut attendre le début du XIe siècle pour que l’installation de moines bénédictins par les ducs normands redonne un rôle de premier plan au site de Jumièges. L’église abbatiale, que l’on admire encore aujourd’hui est commencée en 1040 par l’abbé Robert Champart. Les travaux durent plus de vingt ans. Dédiée à Notre-Dame, c’est un vaste édifice bâti en calcaire du Val de Seine. La façade, encadrée de deux tours imposantes, s’inspire des églises carolingiennes et préfigure les façades gothiques. La nef couverte d’une charpente, les bas-côtés voûtés d’arêtes, la haute tour lanterne qui éclaire le transept, l’étage des tribunes ainsi que le plan de l’église inspireront de nombreux édifices romans de Normandie et d’Angleterre parmi lesquels l’église de Westminster.
UNE INAUGURATION ROYALE
Dans les mois qui suivent son couronnement, Guillaume le Conquérant revient dans son Duché de Normandie. Il est accompagné par les plus hauts dignitaires anglais qu’il redoute de laisser seuls en son absence. A l’occasion de ce voyage, il leur présente son domaine, ses châteaux et son entourage. C’est ainsi que la cour passe de somptueuses fêtes de Pâques à Fécamp et inaugure avec faste l’église Notre-Dame de Jumièges dont la construction est achevée depuis 1066. Ces fêtes sont aussi l’occasion pour le duc d’exposer l’immense trésor prélevé à ses ennemis. [24 rue Guillaume le Conquérant, 76480 Jumièges.]
LES ABBÉS NORMANDS EN ANGLETERRE
Au XIe siècle, des liens particuliers unissent le pouvoir royal d’Angleterre avec les abbés normands et notamment ceux de Jumièges. Édouard le Confesseur y reçoit son éducation et, devenu roi d’Angleterre, appelle Robert Champart, le grand abbé de Jumièges, aux fonctions d’évêque de Londres et d’Archevêque de Cantorbéry. Après son couronnement, Guillaume le Conquérant nomme lui aussi des religieux normands à la tête des évêchés et abbayes anglaises. Guillaume leur fournit des chevaliers et s’appuie sur eux pour pacifier le royaume. Ils ont une action très bénéfique, édifient des églises et font de leurs monastères de véritables foyers de culture et de vie religieuse.