L’abbaye Notre-Dame du Bec, qui est située au Bec-Hellouin, près de Brionne, dans le département de l’Eure, et dans la région de Normandie en France, est une abbaye catholique bénédictine faisant partie, aujourd’hui, de la congrégation de Sainte-Marie de Mont-Olivet. Elle a été fondée en 1034 par Herluin, chevalier du comte Gilbert de Brionne. Avec l’arrivée de l’Italien Lanfranc de Pavie, prieur et maître de l’école monastique, puis d’Anselme de Cantorbéry, le Bec devient l’un des principaux foyers de la vie intellectuelle du XIe siècle : vers 1050, le futur pape Alexandre II ainsi que nombre de futurs légats et évêques y eurent étudié. Depuis près de 1000 ans, l’abbaye du Bec est liée par l’histoire à la cathédrale de Cantorbéry, à laquelle elle a donné trois archevêques.
Laissée en ruines par la Révolution, l’abbaye est classée, à partir de 1840, au titre des monuments historiques, et aujourd’hui gérée par le Centre des monuments nationaux. Elle a retrouvé vie grâce aux moines bénédictins qui, depuis 1948, y perpétuent à nouveau la vie monastique, sous l’égide de dom Paul-Emmanuel Clénet, 49e abbé élu en 1996. Aujourd’hui, l’abbaye se compose de la salle capitulaire, du cloître (XVIIe siècle) et des majestueux bâtiments conventuels (XVIIIe siècle). La grande église abbatiale du XIVe siècle ne possède plus que ses fondations (l’église actuelle se trouve dans l’ancien réfectoire). L’ensemble est dominé par la puissante tour Saint-Nicolas datant du XVe siècle.
Description et Architecture
Tour Saint-Nicolas
Construite dans la deuxième moitié du XVe siècle, elle domine les magnifiques bâtiments monastiques édifiés initialement entre 1644 et 1666 et réaménagés au XVIIIe siècle. Elle servait de clocher afin que les quatre grosses cloches qu’elle renfermait n’ébranlent pas les tours du portail de l’abbatiale quand elles sonnaient à la volée. C’est une construction carrée de plus de onze mètres de côté, de style anglo-normand. Jusqu’en 1810, elle était surmontée d’une flèche de quinze mètres de haut qui fut anéantie par un incendie. Les cloches ont été détruites à la Révolution. Chaque angle possède un contrefort surmonté de deux statues monumentales représentant :
- sainte Marie
- saint Benoît
- saint Nicolas
- saint Jean
- saint Michel
- saint Jacques
- saint Louis
- saint André
Des écriteaux sur la face Est où est inscrit en latin : « Jésus est fils de Dieu », et sur la face occidentale : « Marie », « Sauveur du monde prends pitié », « Jésus-Christ est fils de Dieu ».
Les bâtiments conventuels
Ils furent reconstruits au milieu du XVIIIe siècle par les moines de la Congrégation de Saint-Maur dans un style Régence. L’église abbatiale actuelle, située dans l’ancien réfectoire, est perpendiculaire au ruisseau du Bec, l’ensemble de l’aile mesurant 75 m. Puis, à angle droit, l’aile du réfectoire actuel s’étend sur 66 m. A l’extrémité sud, s’élève un premier pavillon avec un balcon devant la fenêtre du centre abritant au deuxième étage l’infirmerie actuelle, et comme le premier pavillon, à angle droit, un dernier pavillon orienté Ouest–Est qui était l’ancienne infirmerie.
Les escaliers
L’accès aux étages se fait par six escaliers datant du XVIIIe siècle, dont la construction leur confère une remarquable impression de légèreté ; les marches ne paraissent être portées que d’un côté par le mur ; leurs extrémités intérieures semblent flotter dans l’espace. Bien entendu, il ne s’agit que d’une impression, car, en réalité, le poids de l’escalier, des marches et de leur charge est appliqué sur la partie extérieure des marches sur laquelle est fixée la rampe (limon), et par la taille particulière des pierres, cet effort est transmis de proche en proche jusqu’au premier palier qui est, de fait, d’une masse impressionnante.
Le cloître
Le cloître actuel a été construit au milieu du XVIIe siècle, remplaçant l’ancien cloître du XIIIe siècle qui été détruit. Ici, comme ailleurs à cette époque, l’influence italienne se fait sentir. C’est l’ordre toscan qui prédomine, avec des arcades en plein cintre à archivoltes moulurées. Les voûtes d’arêtes qui couvrent le cloître sont soulignées par des moulures imitant la voûte d’ogive. Les clefs de voûtes circulaires et saillantes, toutes différentes les unes des autres, sont ornées de feuillages et de rosaces. Les arcades retombent sur des impostes de piles, de section carrée, renforcées de pilastres saillants se terminant à leur sommet par une console sculptée de feuilles d’acanthe de style corinthien surmontée d’une corniche moulurée.